Pourquoi le mois de mai est le mois de Marie ?

Ou plutôt Comment le mois de Mai est devenu le mois de Marie ?



La vierge Marie

Le choix du mois de Mai pour spécialement honorer Marie est un beau voyage au cœur de la piété populaire pour la mère de Dieu. En effet, les raisons de ce choix sont multiples et ont convergé au fil des siècles. Ces raisons sont de 3 ordres historique, populaire et ecclésiale, et enfin spirituel.

Tout d’abord, au plan historique, le fait d’attribuer un culte particulier à chaque mois était une habitude romaine. Ainsi le nom de chaque mois correspondait à une divinité particulière du panthéon païen de l’antiquité; Janus en janvier, Februa dieu de la mort chez les étrusques en Février, Mars Dieu de la guerre en Mars, Aphrodite pour Avril, Maiai déesse de la fertilité et du printemps pour Mai, etc …

Au XIII° siècle, le roi de Castille, Alphonse X le Sage (1239 + 1284), avait déjà associé dans un de ses chants la beauté de Marie et le mois de mai et, au siècle suivant, de nombreuses communautés aimaient à honorer Marie par des dévotions particulières:
le bienheureux dominicain Henri Suso avait, durant l’époque des fleurs, l’habitude de tresser des couronnes pour les offrir, au premier jour de mai, à la Vierge.

En 1549, un bénédictin, V. Seidl, publia un livre intitulé le mois de mai spirituel, alors que saint Philippe Néri exhortait les jeunes gens à manifester un culte particulier à Marie pendant le moi de mai où il réunissait les enfants autour de l’autel de la Sainte Vierge pour lui offrir, avec les fleurs du printemps, les vertus qu’il avait fait éclore dans leurs jeunes âmes.

Au XVII° siècle, à Cologne, en 1664, les élèves des Jésuites pratiquaient déjà, au mois de mai, des exercices de piété en l’honneur de Marie, tandis qu’en Alsace, des jeunes filles, appelées Trimazettes, quêtaient de porte en porte pour orner de fleurs l’autel de la Sainte Vierge1.

Le premier, sans doute, à consacrer entièrement le mois de mai à la Vierge Marie, semble avoir été le capucin Laurent de Schniffis dans un recueil de trente poésies, « Moyen-Pjeiff », publié en 1692. Au début du XVIIIe siècle, l’église franciscaine et royale Sainte-Claire de Naples connaissait au mois de mai un office populaire marial quotidien suivi d’un salut du Saint-Sacrement, les dominicains de Fiesole, en 1701, décidaient d’honorer la Vierge tous les jours du mois de mai, ce qui se faisait aussi, près de Vérone, dans la paroisse de Grezzana (1734), et, un peu plus tard à Gênes (1747) et à Vérone (1774). Mais ce sont les pères camilliens qui revendiquent avoir été à l’origine, dès le mois de mai 1784 en l’église de la Madonne de Ferrare, la dévotion du «bouquet marial» du mois de mai sous sa forme publique et solennelle2.

Ces faits parvenus jusqu’à nous, sont la concrétisation d’une piété mariale encore plus ancienne. En effet, les peuples de l’antiquité initialement persécuteurs des premiers chrétiens ont été évangélisés notamment par la conversion de leurs dévotions païennes. Sur ce thème de l’évangélisation des peuples, St Maximilien Kobe un grand Saint « Marial » écrira au XXe siècle: « Il faut étudier les mouvements anti religieux de notre époque, leurs méthodes, réalisation etc. il faut surtout distinguer ce qu’il y a en eux de bon de ce qu’il y a de mauvais car il n’y a pas de manière plus efficace pour combattre et vaincre un mauvais courant que de reconnaître la part de BIEN qu’il contient et de l’appliquer immédiatement à notre cause. »3

Effectivement et c’est notre 2e point, un lien populaire et ecclésial existait en réalité depuis bien plus longtemps avec Marie. Au delà des dates précises et des preuves historiques dont nous pouvons disposer aujourd’hui, l’attachement des chrétiens à la Mère de Dieu est un fait des temps apostoliques. En effet comme le remarque St JH Newman4, lorsque le Christ vivait notre vie terrestre, personne ne songeait à écrire mais juste à vivre avec Lui, à suivre son exemple et son enseignement. Après l’ascension du Christ, le récit de la vie du Christ se transmettait par oral donnant lieu à des interprétations et le besoin d’écrire, de poser des bases solides aux enseignements de la Foi s’imposeront à l’Église primitive. Notamment, St luc pour écrire les 2 premiers chapitres de son Évangile a du recevoir le témoignage direct de Marie. Mais nombreux devaient être les fidèles à porter à Marie une affection particulière. A son Assomption, il est devenu également important de réfléchir à quelle était la place si singulière de Marie dans l’histoire du salut, notre histoire.

L’Église survivant à la fin du monde greco romain et se développant, cultiva ce lien l’approfondissant à mesure que la compréhension des mystères de la Foi grandissait. A la fin de l’antiquité en 421, particulièrement, le concile d’Éphèse valide l’appellation de Marie mère de Dieu; plus tard, la crise de iconoclastes a reconnu la valeur des statues et des icônes dans la vie des croyants et le Moyen âge ensuite a vu le développement du culte populaire des Saints et en premier lieu de Marie par de nombreuses initiatives: pèlerinages, réalisation de statues et d’icônes qui sont portées en procession pour les fêtes, réalisation de bouquets de fleurs à la Vierge, apparition du chapelet soutenu par l’ordre de dominicains puis par bien d’autres congrégations …

Nous retrouvons les constations du premier chapitre mais nous devons aussi reconnaitre que cette piété populaire pour Marie se trouva renforcée par ses nombreuses apparitions toujours à de très humbles personnes. La plus ancienne rapportée se serait produite de son vivant à St Jacques évangélisant l’Espagne à Sarragose5 en l’an 40. Depuis lors, de nombreuses personnes rapportent des apparitions, des miracles, des messages, parfois des conversations avec Marie donnant lieu à des réactions variées mais très souvent alimentant une grande ferveur et sources de nombreuses grâces Guadalupe 1531; Notre Dame du Laus 1664-1718; Rome 1842; La Salette 1846; Lourdes 1858; Pontmain 1871; Gietrzwald ; Fatima; Beauraing ; Banneux ; Amsterdam ; Betania ; Akita ; Kibeho6 … Partout sur la planète et particulièrement en France la piété populaire « répond » aux appels de la Vierge par des pèlerinages et de fêtes et l’Eglise institution en reconnaissant ses apparitions comme certaines (cf tableau en fin d’ article) encourage ces dévotions dont le mois de Marie.

Le 21 mars 1815, le pape Pie VII est le premier a donné un encouragement pontifical à la dévotion du Mois de Marie en accordant 300 jours d’indulgence à quiconque honorecette dévotion. Devant la dévotion populaire que cela suscite, il accorde l’indulgence plénière le 18 juin 1822. Avec ces encouragements, les manuels de dévotion mariale se multiplient alors pour soutenir et encourager cette dévotion particulière. Pie IX confirme l’indulgence plénière en 1859.

Le reconnaissance pontificale du mois de Marie entraînera par la suite la consécration d’autres mois à d’autres dévotions comme le mois de juin comme mois du Sacré-Cœur, approuvé par le pape Pie IX le 8 mai 1873, et recommandé ensuite par Léon XIII dans une lettre adressée par le cardinal préfet à tous les évêques le 21 juillet 1899, ou encore le mois d’octobre comme le mois du Rosaire, reconnu par le pape Léon XIII.

En 1945, le pape Pie XII a confirmé le mois de mai comme mois marial avec l’institution de la fête de Marie Reine le 31 mai, fête qui vient couronner le mois de mai tout entièrement consacré à la Vierge. Cette fête sera déplacée au 22 août après le Concile Vatican II.
Au XXe siècle, dans son encyclique de Mense Maio de 1965, le pape Paul VI a de nouveau encouragé la dévotion du Mois de Mai et identifié le mois de mai comme un moment opportun pour incorporer des prières spéciales pour la paix dans les dévotions traditionnelles de mai dans un contexte de Guerre froide.

Enfin, au plan spirituel, comme le constate St JH Newman7, il y a t il un mois qui corresponde d’avantage à l’espérance que suscite en nous l’événement de Marie première créature parfaite sainte et sauvée par le Christ nous appelant maternellement à sa suite ? Ce mois de Mai mois du renouveau qui survient à la fin de la rudesse de l’Hiver qui peut représenter le péché et l’humanité sans Dieu, le printemps donc avec ses jours plus longs, plus lumineux et et plus doux n’évoque t il pas la personne même de Marie, sa douceur de Mère spirituelle ?
De plus, il y a t il un mois qui concentre d’avantage de belles et joyeuses fêtes chrétiennes ? Mai qui commence dans le temps pascal nous invite avec Marie à fêter l’Ascension puis la Pentecote et selon les années la Sainte Trinité et le Saint Sacrement.

Pour conclure, l’affection des croyants pour la mère de Dieu depuis les temps apostoliques s’est développé au fil des siècles en de nombreuses traditions populaires faites de dévotions personnelles et communautaires enrichis de la précision des enseignements de l’Église. Le choix du mois de Mai pour honorer Marie s’est imposé progressivement comme une évidence spirituelle et populaire. Et comme en réponse, comme une conversation multi séculaire entre la Vierge Marie et le peuple des croyants, elle apparait à ses plus humbles enfants, éduquant notre piété, guérissent nos blessures toujours nous conduisant au Christ. Ainsi, le mois de Mai tradition antique des peuples évangélisés, nous invite à vivre cette affection Mariale, à entrer dans cette affectueuse conversation et pourquoi pas à le proposer autour de nous en famille, en paroisse.

Les apparitions reconnues par le Vatican8

Les apparitions reconnues par le Vatican

1 http://www.regard.eu.org/articles/Archeologie/TXT.complet.archeo/HDMDMARIE.php

2 https://fr.wikipedia.org/wiki/Mois_de_Marie

3 « le secret de Maximilien Kolbe » M. Winowska Ed. St Paul 1971  
4 12 sermons sur le Christ JH Newman Ed. Du Seuil 1995 p23 sermon du 25 déc 1834

5 https://fr.wikipedia.org/wiki/Vierge_du_Pilier
6 https://www.mariedenazareth.com/encyclopedie-mariale/les-appels-dune-mere-apparitions- mariales/les-apparitions-mariales/les-principales-apparitions/
7 Méditations et prières JH Newman Ed Lecoffre 1890 réédité Ed laurier « Rose Mystique » 2017
8 https://fr.wikipedia.org/wiki/Apparition_mariale#Par_l’Église_catholique

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